Neige est décédée de vieillesse en janvier 2025, elle n'a jamais récidivé.
Source : http://symbiocen.com/le-soleil-et-les-chats-blanc/J’ai envie aujourd’hui de vous parler des effets néfastes du soleil sur la peau, et notamment la peau des oreilles des chats…
Parce que nous jouissons d’un été très ensoleillé, et qu’un cas clinique récent m’a interpellée.
Les effets néfastes du soleil sur la peau sont bien connus chez l’homme. Les crèmes solaires sont présentes dans tous les systèmes de distribution, et on ne peut aujourd’hui ignorer que trop s’exposer sans précautions comporte des risques.
Les animaux sont théoriquement plus protégés, grâce à leur pelage. Mais certaines zones peu fournies en poils peuvent être fragiles, et les oreilles de couleur blanche sont particulièrement sensibles aux UV (UVB surtout).
Des lésions peuvent apparaître sur ces zones à faible pilosité. Chez le chat blanc, la truffe et le bord des oreilles sont une localisation fréquente.
Cette maladie est généralement décrite chez les animaux très exposés au soleil. Mais on observe parfois, même si c’est surprenant, un chat non exposé au soleil atteint de cette maladie : il est possible qu’il existe une sensibilité individuelle de certains individus, comme il en existe chez l’homme. Et il est également possible qu’un chat, même s’il ne sort pas, passe suffisamment de temps derrière la fenêtre à la lumière du soleil pour développer les symptômes. Les UVB ne sont en effet pas filtrés par le verre d’une fenêtre.
Sous l’action des UVB, les cellules de l’épiderme se transforment et produisent de la kératine, responsable des lésions d’aspect croûteuse. Autour de ces lésions, la peau enfle, devient rouge, la zone démange le chat, et des courtes de sang séchés sont souvent présentes.
En fait, la localisation de telles lésions évolutives sur le pourtour de l’oreille laisse peu de doute sur le diagnostic de kératose solaire. La kératose solaire est un état pré-cancéreux d’une tumeur appelée carcinome épidermoïde.
C’est donc une maladie grave qui nécessite un traitement radical. On préconise un traitement chirurgical : on enlève la partie malade en pratiquant une otectomie, c’est-à-dire une coupe de l’oreille. Et ce, avant que la situation ne dégénère vers un cancer déclaré, pour lequel les chances de survie du chat seront plus faibles (variables selon sa réponse à la chimiothérapie ou la radiothérapie).
Les propriétaires sont souvent affolés quand on leur annonce la nécessité de cette intervention. Ils redoutent un préjudice esthétique important et un inconfort du chat. Ils ont tort : la coupe d’oreilles n’est pas inélégante sur le chat !
Les suites opératoires sont un peu ennuyeuses car il faut protéger l’oreille du grattage à l’aide d’un carcan (= un entonnoir qu’on met autour de la tête de Minou qui n’apprécie guère la plaisanterie !). Mais cela est un effort pour le chat et son colocataire de deux semaines tout au plus !
Une fois la cicatrisation achevée, le poil repousse gentiment sur l’extérieur de l’oreille et vient recouvrir la zone de suture.
L’oreille reste totalement fonctionnelle et le chat entend aussi bien qu’avant la chirurgie.
Personnellement, j’opère toujours en symétrie : je coupe les deux oreilles de la même façon même si une seule oreille est atteinte. Pourquoi ? Parce qu’une oreille atteinte signifie que le chat malade est prédisposé et qu’il risque de faire la même chose sur l’autre oreille quelques mois ou années plus tard, et parce que la symétrie est plus jolie sur la tête du chat.
Lorsque c’est la truffe qui est atteinte, on doit souvent recourir à la cryochirurgie, après avoir confirmé le diagnostic de kératose solaire par biopsie de la lésion : le diagnostic de certitude est uniquement histopathologique (analyse au microscope du bout de peau prélevé par biopsie).
D’autres pathologies peuvent en effet produire des lésions comparables à celles induites par la kératose solaire : un lupus, une pyodermite, une affection fongique ou granulomateuse.
En cas d’impossibilité d’opérer, on peut envisager un traitement palliatif permettant d’améliorer transitoirement la situation (corticothérapie, antibiotiques et antiseptiques si nécessaire…) et une mise à l’abri du soleil très stricte. On peut utiliser une crème solaire (bien que chez le chat, le léchage en limite les effets), et poser des filtres UVB sur les fenêtres.
Il a pu également être recommandée l’utilisation d’agents antiphotosensibilisants tels que le béta-carotène ou des rétinoïdes de seconde génération. Je n’ai personnellement aucune expérience de ces produits. J’ai toujours eu la chance de pouvoir réaliser une chirurgie curative avant l’arrivée de ces problèmes !